L’intelligence artificielle pour la découvrabilité des contenus culturels francophones en ligne

Soutenu par le gouvernement du Québec, le projet s’appuie sur les échanges de la mission France-Québec de 2018, qui a examiné les enjeux de la découvrabilité et a proposé une stratégie d’action commune. L’un des principaux piliers de cette stratégie consiste à poursuivre les travaux sur la découvrabilité en mettant l’accent sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) pour la favoriser.
Ainsi, ce projet explore comment l’intelligence artificielle peut contribuer à une meilleure découvrabilité des contenus culturels francophones, et à en traiter les enjeux, dans le contexte actuel des écosystèmes culturels et numériques.
Ce projet de recherche ambitieux vise à tirer profit des plus récents développements en IA afin de réduire les barrières qui nuisent à la découvrabilité des contenus culturels francophones dans les environnements numériques. C’est dans ce contexte que le CEIMIA déploie une stratégie de valorisation de l’écosystème de recherche québécois, centrée autour du développement de deux solutions concrètes d’IA responsable : un outil de bonification automatique de métadonnées musicales et un système de recommandation bienveillant permettant la mesure de la découvrabilité des contenus en ligne.
En parallèle, une veille technologique mensuelle fait état des développements rapides de l’IA et leurs impacts sur la découvrabilité des contenus culturels, pour aider l’écosystème à mieux comprendre les enjeux qui s’inscrivent à la croisée des deux disciplines.
La découvrabilité d’un contenu dans l’environnement numérique se réfère à sa disponibilité en ligne et à sa capacité à être repéré parmi un vaste ensemble d’autres contenus, notamment par une personne qui n’en faisait pas précisément la recherche.
L'impact de l'IA sur la découvrabilité dans le secteur culturel
Chaque mois nous aborderons sous la forme d’une chronique référencée, les impacts de l’IA sur la découvrabilité dans le secteur culturel. En plus d’explorer différentes thématiques au fil des éditions, la veille technologique suivra l’actualité à l’intersection de l’IA et de la culture et résumera des articles scientifiques en lien avec la thématique du mois.
Édition n°1 - Février 2024
Pour le mois de février, nous posons un regard sur le concept de la bienveillance des algorithmes, concept au cœur de notre projet de recherche. Nous faisons également état de deux projets visant l’encadrement législatif de l’environnement numérique, le premier à la suite d’un rapport commandé par le gouvernement du Québec et déposé il y a quelques jours et le second présentant une résolution adoptée par l’Union européenne en janvier 2024. Finalement, nous avons sélectionné deux articles qui peuvent être utiles dans la réflexion entourant notre projet de recherche.
Édition n°2 - Avril 2024
Dans cette veille, nous étudions une partie des interactions entre les métadonnées et les usagers des plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL) afin de voir de quelles façons cet outil technique a le potentiel d’agir comme barrière à la découvrabilité des œuvres musicales. Dans la section “actualités”, nous présentons: 1) la stratégie d’investissement en intelligence artificielle du gouvernement fédéral; 2) un récent développement de OpenIA sur la reproduction de la voix d’un être humain. Enfin, nous traitons deux articles scientifiques : le premier traite de l’impact de la recommandation sur la diversité de l’écoute alors que le second souligne les dangers que les recommandations culturelles basées sur l’IA font peser sur la démocratie culturelle.
Édition n°3 - Mai 2024
Cette veille étudie la relation entre les algorithmes et les pratiques d’écoute des usagers des plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL). L’écoute de musique par les usagers des PNEL à l’aide des algorithmes qu’elles conçoivent est limitée. Il n’en demeure pas moins que ce type d’écoute est le seul qui met directement en contact les amateurs de musique avec des œuvres qu’ils ne connaissent pas. Également, nous sommes d’avis que ce type d’écoute est appelé à progresser au cours des prochaines années, d’où l’importance de bien comprendre ses mécanismes et ses impacts. Nous discutons ensuite de l’effet des plateformes sur la concentration de l’écoute auprès d’un petit nombre d’artistes. Ceux-ci bénéficient d’une part substantielle des redevances de plus en plus élevées que les PNEL versent aux producteurs et aux artistes. Finalement, nous proposons l’idée que les PNEL devraient intégrer à leurs objectifs, au moment de la conception et de l’évolution de leurs algorithmes, à la fois la satisfaction de leurs usagers et une meilleure expression de la diversité culturelle mondiale.
Édition n°4 - Juillet 2024
L’équité dans la répartition des redevances des plateformes: une réforme nécessaire des mécanismes de répartition – Nous présentons dans cette veille le modèle de répartition utilisé par la plupart des plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL) et mettons en lumière ses principales faiblesses. Nous présentons également un modèle alternatif qui a le potentiel d’être plus équitable pour les artistes et les producteurs des marchés moins populeux comme l’est le Québec, un modèle centré sur les préférences individuelles des usagers des PNEL.
Les mécanismes de répartition des redevances versées par les plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL) tel que Spotify ont été définis il y a une vingtaine d’années alors que les revenus qui en étaient tirés par les artistes et le producteurs étaient marginaux. Aujourd’hui, il s’agit clairement de la source de revenus la plus importante pour l’industrie de la musique. Vu la faiblesse de la rémunération qu’elles offrent à de très nombreux artistes et la concentration importante des versements vers quelques milliers d’artistes à travers le monde, n’est-il pas temps de questionner ce modèle et de mesurer ses impacts sur les industries de la musique locales?
Édition n°5 - Octobre 2024
IA et culture : données d’entraînement et propriété intellectuelle – La question du rapport entre le développement des modèles d’intelligence artificielle (IA) et les droits de propriété intellectuelle s’est mise à l’avant-plan en Europe et aux États-Unis au cours des derniers mois. Le sujet au cœur des polémiques est l’utilisation de données d’entraînement privées ou protégées par des droits de propriété intellectuelle (PI) pour développer des modèles d’IA. Cette veille présente les deux principaux lieux de débats au cœur de la réflexion sur la régulation de l’IA, l’Europe et les États-Unis, particulièrement dans le secteur de la culture où plusieurs s’inquiètent de ses avancées.
Édition n°6 - Novembre 2024
Une idée, vingt watts à l’heure : l’IA, et la consommation d’énergie en culture – L’utilisation des modèles d’intelligence artificielle dans notre quotidien a des impacts de nature très diverse sur notre monde. Ce qui semble plutôt banal sur le plan individuel peut devenir majeur lorsque l’on mesure l’agrégation mondiale de nos comportements. L’utilisation plutôt modérée de l’énergie que représentent les requêtes individuelles que nous effectuons auprès des différents modèles d’IA qui sont aujourd’hui disponibles sur internet constitue déjà une nouvelle charge importante sur les réseaux électriques mondiaux.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les centres de données, les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle consomment déjà mondialement plus d’énergie électrique que n’en produit le Québec en une année. L’augmentation de cette consommation au cours des deux prochaines années pourrait bien être équivalente à toute l’énergie électrique consommée annuellement en Allemagne. La nature énergivore de nos requêtes liées à l’IA présente un risque important quant à son impact sur la transition énergétique.
Les multinationales de l’internet sont conscientes que les besoins en énergie sont énormes pour le développement et l’utilisation de la multitude de modèles d’IA qui peuvent être mis en œuvre au cours des prochaines années. C’est pourquoi elles ont conclu cet automne des ententes visant à s’assurer d’un approvisionnement énergétique important.
Quant aux impacts sur la création en culture, la consommation d’énergie constitue un aspect de notre relation avec l’IA où l’être humain peut encore s’avérer plus efficace que la machine. Pour avoir une idée, notre cerveau n’a pas besoin d’être directement relié au réseau électrique, ce qui en fait aujourd’hui la boîte créative la plus désirable sur le plan environnemental.
Édition n°7 - Décembre 2024
Créativité humaine et machine singing – Est-ce que l’intelligence artificielle peut être créative ? La réponse à cette question est source de beaucoup d’inquiétudes chez les intéressés des industries culturelles et les artistes, qui se demandent si cette technologie ne viendra pas réduire considérablement leurs sources de revenus, voire faire disparaître des pans entiers de secteurs d’activités dans ces industries. D’autres se demandent ce qu’il adviendra de la créativité humaine si la machine est capable de créer en quelques secondes des productions qui demandaient jusqu’à aujourd’hui des années d’efforts et d’apprentissage, sans parler du talent.
Cette veille vise à mettre en lumière la nature de la créativité humaine et sa relation avec les productions proposées par l’IA. Ceci nous mène sur les distinctions qui peuvent exister entre l’intelligence humaine et l’IA. En discuter est déjà très complexe et il s’agit ici de notre seul objectif. Simplement, définir et appréhender l’intelligence humaine est une tâche qui est aujourd’hui l’objet du travail de milliers de scientifiques à travers le monde. Nous ne ferons ici qu’esquisser un portrait de l’état de la compréhension autour de ces questions qui, nous l’espérons, permettra au lecteur de mieux saisir les éléments de ces questions.
Édition n°8 - Février 2025
L’IA décentralisée: une perspective prometteuse pour les industries culturelles ? – L’arrivée de Deepseek, un modèle d’IA chinois performant et peu coûteux, bouleverse le marché dominé par les géants américains comme Microsoft, Google, Meta et Anthropic. Son impact économique est considérable, entraînant une dévaluation massive des entreprises américaines du secteur. Sur le plan politique, plusieurs États, dont l’Australie et les États-Unis, interdisent son usage par crainte de risques liés à la cybersécurité et à la gestion des données personnelles. Deepseek pourrait transformer les industries culturelles en permettant une création artistique plus accessible et indépendante des grandes plateformes. Son modèle frugal et ouvert offre une alternative aux infrastructures coûteuses des multinationales de l’IA, suggérant une possible décentralisation du marché. Cette veille propose ainsi un système utilisant ces développements de l’IA où les œuvres musicales seraient gérées directement par les sociétés de gestion collective, réduisant les coûts et garantissant une meilleure rémunération des artistes. Cette vision s’oppose au modèle des plateformes comme Spotify, critiqué pour son manque de transparence et la faible redistribution des revenus. Par ailleurs, l’Union européenne tente de jouer un rôle de régulateur, notamment en matière de protection des données et des droits d’auteur, mais les tensions persistent entre innovation et encadrement juridique. L’enjeu est de trouver un équilibre entre la liberté d’innovation et le respect des créateurs, alors que les entreprises de l’IA exploitent des données issues de millions d’œuvres sans rétribution équitable. Enfin, le texte envisage un futur où l’IA, en devenant décentralisée et personnalisée, pourrait redonner aux utilisateurs et aux artistes un meilleur contrôle sur la diffusion et la monétisation des contenus culturels.
Équipe
Arnaud Quenneville-Langis
Gestionnaire de projet
Janick Houde
Coordonnatrice à la mobilisation de l'écosystème IA
Thomas Mboa Nkoudou
Chercheur en résidence
Comité aviseur du projet
Fenwick McKelvey
Alexandre Naud
Michèle Rioux
Jean-Robert Bisaillon
Amal Zouaq
Dominic Forest
Destiny Tchéhouali
Marie Eve Berlinger
Véronique Marino
Véronique Guèvremont
Esther Olembe
Équipes de travail
Guy-Philippe Wells
Meaghan Wester
Gustavo Ferreira
Armin Moradi
Dans une perspective ou les partenariats public-privés seront favorisés, les acteurs de l’industrie seront invités à collaborer avec le groupe dans une recherche de synergies et d’évolution collective.