La collaboration internationale : la clé pour le développement d’une IA bénéfique
Nous traversons présentement une ère de grands bouleversements, qui soulèvent de tout aussi grands défis sociétaux: pandémies, menaces climatiques, désastres naturels, guerres, perturbations technologiques… Pour faire face à ces défis globaux, nous avons multiplié les plateformes de collaboration internationale, édifiant ainsi des lieux d’échanges propices à la recherche de solutions communes. Le développement d’une technologie aussi transformative et transversale que l’intelligence artificielle (IA) ne fait pas exception à cette règle. De nombreuses grandes institutions à la portée internationale ont mis sur pied des initiatives portant sur l’IA, telles que l’Observatoire de l’OCDE sur les politiques de l’IA, le Centre pour la quatrième révolution technologique du World Economic Forum, le Forum for Cooperation in AI, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et le Groupe d’experts de haut niveau pour l’IA de la Commission européenne pour n’en nommer que quelques unes. Cependant, parmi les travaux de ces organisations, une grande proportion se concentre principalement sur deux aspects : l’adoption de intelligence artificielle d’une part, et la création de normes et de politiques publiques entourant le développement, le déploiement et l’utilisation de celles-ci d’autre part.
Il existe dans les discussions internationales sur l’IA un espace peu occupé. Un espace que le Centre d’expertise international de Montréal en intelligence artificielle (CEIMIA) et le Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle (PMIA) tentent de combler. En effet, le potentiel de l’IA en termes de retombées sociales est actuellement sous-exploité et très peu exploré. Présentement, il n’existe pas d’incitatifs commerciaux (business case) pour des projets d’IA appliquée avec de telles vocations. Ils suscitent donc peu d’intérêt pour le secteur privé et ne sont pas nécessairement couverts par les projets de normalisation ou de politiques publiques.
Nous savons depuis plusieurs années que l’IA a le potentiel d’affecter significativement non seulement nos économies, mais également notre société, notre environnement, nos institutions politiques et même la façon dont nous interagissons entre nous en tant qu’individu. Il y a d’ailleurs eu récemment plusieurs sorties quelque peu alarmistes sur les risques théoriques du développement d’une super IA malveillante. Mais, lorsque nous sortons des sphères théoriques ou économiques, nous parlons rarement du potentiel de bénéfices que cette technologie peut apporter à la société. Or, l’une des choses pour laquelle l’IA excelle, c’est trouver des solutions à des problèmes concrets et complexes. De plus, les grands enjeux tels que la lutte aux changements climatiques, la santé, la résilience de nos sociétés et le respect des droits humains sont des défis auxquels nous faisons tous collectivement face. Les parties prenantes tardent à aborder ces enjeux et puisqu’il y a peu de probabilités qu’ils soient abordés par le secteur privé, c’est une responsabilité partagée de tenter d’y trouver des solutions. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons vu se multiplier les appels à la collaboration internationale en la matière. L’appel de Hiroshima du G7 est un bel exemple de ceci.
Bien entendu, pour arriver à provoquer des changements, particulièrement lorsqu’il s’agit d’enjeux globaux comme ceux-çi, il faut dépasser le stade des discussions et passer à la recherche de solutions. Pour se faire, il faut mettre en place une structure favorisant le dialogue et la communication pour permettre d’identifier les vrais défis concrets et actuels. Sans cette structure, tout projet est voué à être un coup d’épée dans le noir. Parfois touchant sa cible mais souvent résultant en beaucoup d’efforts déployés en vain. Peu importe que ce soit dans un contexte commercial ou social, il faut d’abord cerner le problème avant d’identifier la meilleure solution. C’est encore plus vrai lorsqu’il est question de l’IA puisque c’est une technologie dont l’efficacité est très dépendante des prémisses de bases qu’on lui fournit.
Tel que mentionné dans les Principe de l’OCDE sur l’intelligence artificielle, il est nécessaire de favoriser la coopération internationale pour assurer le développement d’une IA digne de confiance et qui aura des retombées positives pour l’ensemble de la société.
Les avantages d’une plus grande collaboration entre les divers parties prenantes sont nombreux et connus:
- Accès à des perspectives diverses : La collaboration internationale permet de réunir des experts d’horizons, de cultures et d’industries différentes. Cette diversité de points de vue peut conduire à une approche plus holistique de la résolution des problèmes, ce qui se traduit par de meilleures solutions plus innovantes.
- Un meilleur partage des connaissances : La collaboration permet de partager connaissances et leur expertise, ce qui peut conduire à un développement plus rapide de solutions concrètes et appliquées. Ce partage peut également contribuer à éviter la duplication des efforts et à faire en sorte qu’on se concentre davantage sur les problèmes les plus urgents.
- Partage des données et des moyens : une collaboration plus active peut aider à surmonter le problème de l’accès limité à des bases de données nécessaires aux développement de solutions utilisant l’IA pour s’attaquer à des enjeux globaux. La mise en commun de données provenant de sources multiples permettra de constituer des bases de données plus vastes et plus diversifiées, ce qui peut améliorer la précision, la robustesse et la pertinence des modèles.
- Accélération des progrès : La collaboration contribue à accélérer le développement de solutions appliquées en permettant de travailler ensemble sur des problèmes complexes. Cela peut conduire à un développement plus rapide et plus efficace de solutions à fort impact.
- Amélioration des normes éthiques et l’interopérabilité: La collaboration internationale contribue à promouvoir des normes et des lignes directrices éthiques pour le développement et le déploiement de l’IA. Cela se traduit en des outils et des modèles développés de manière responsable, transparente et bénéfique pour la société.
Alors que les appels à la réglementation se font de plus en plus pressants, il est d’autant plus nécessaire d’augmenter le niveau de collaboration entre les organisations qui se penchent sur les impacts de l’IA. La technologie se développe et se déploie plus rapidement que ce que chaque gouvernement ou organisation est capable de suivre individuellement. Plus longtemps nous tarderont à travailler conjointement et plus il y a de risques que les impacts néfastes surpassent les bénéfices potentiels pour la société.
Le PMIA a été mis sur pied dans cet esprit de collaboration entre les États afin de concentrer l’expertise internationale dans un contexte favorisant l’émergence de projets à fort impact. Mais nous devons aller plus loin dans notre effort de collaboration. L’ensemble de la communauté internationale doit unir ses efforts et favoriser un dialogue constructif parce que personne ne pourra y arriver seul et les enjeux sont trop grands pour se permettre d’être freinée par des chicanes de clôtures. Il faut donc mettre de côté nos différends et nos “chicanes de clocher” car la technologie, elle, ne ralentira pas son développement et ses impacts dépassent les frontières. Il est temps de faire tomber les barrières organisationnelles à la collaboration et travailler ensemble et de bonne foi à la recherche de solutions communes pour le bien de tous.
Photo de Shane Rounce sur Unsplash
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