Une idée, vingt watts à l’heure : l’IA, et la consommation d’énergie en culture
Par Guy-Philippe Wells, Directeur scientifique, LATICCE
Pour vous inscrire à la liste de diffusion de la veille technologique sur l’impact de l’IA sur la découvrabilité dans le secteur culturel, ou pour nous faire parvenir vos commentaires et suggestions pour les prochaines éditions, bien vouloir remplir ce court formulaire.
Résumé
L’utilisation des modèles d’intelligence artificielle dans notre quotidien a des impacts de nature très diverse sur notre monde. Ce qui semble plutôt banal sur le plan individuel peut devenir majeur lorsque l’on mesure l’agrégation mondiale de nos comportements. L’utilisation plutôt modérée de l’énergie que représentent les requêtes individuelles que nous effectuons auprès des différents modèles d’IA qui sont aujourd’hui disponibles sur internet constitue déjà une nouvelle charge importante sur les réseaux électriques mondiaux.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les centres de données, les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle consomment déjà mondialement plus d’énergie électrique que n’en produit le Québec en une année. L’augmentation de cette consommation au cours des deux prochaines années pourrait bien être équivalente à toute l’énergie électrique consommée annuellement en Allemagne. La nature énergivore de nos requêtes liées à l’IA présente un risque important quant à son impact sur la transition énergétique.
Les multinationales de l’internet sont conscientes que les besoins en énergie sont énormes pour le développement et l’utilisation de la multitude de modèles d’IA qui peuvent être mis en œuvre au cours des prochaines années. C’est pourquoi elles ont conclu cet automne des ententes visant à s’assurer d’un approvisionnement énergétique important.
Quant aux impacts sur la création en culture, la consommation d’énergie constitue un aspect de notre relation avec l’IA où l’être humain peut encore s’avérer plus efficace que la machine. Pour avoir une idée, notre cerveau n’a pas besoin d’être directement relié au réseau électrique, ce qui en fait aujourd’hui la boîte créative la plus désirable sur le plan environnemental.
Table des matières
1. Actualités
1.1 La croissance de la consommation électrique dans le secteur des données
1.2 La consommation électrique liée à l’IA
1.3 La consommation d’énergie pour la création de la musique
2. Entrevue avec Alex De Vries
1. Actualités
En septembre, Microsoft a annoncé son intention d’acheter de l’électricité à la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie, où le pire accident nucléaire de l’histoire des États-Unis a eu lieu en 1979. Le site a fermé son unité d’exploitation restante en 2019, mais prévoit de rouvrir pour ce projet.
En octobre, Google a annoncé un accord avec la startup nucléaire Kairos Power, achetant 500 mégawatts d’électricité provenant de sept petits réacteurs modulaires (SMR) qui n’ont pas encore été construits. Et il y a quelques jours à peine, Amazon a conclu un accord similaire avec la startup X-Energy.
Les multinationales de l’internet cherchent activement à s’assurer d’un approvisionnement massif et stable en énergie face à la croissance énorme au cours des dernières années des besoins en électricité requis pour opérer les centres de données et les modèles d’intelligence artificielle.
-
1.1 La croissance de la consommation électrique dans le secteur des données
L’Agence internationale de l’énergie (AIE), organisation internationale sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estime que la croissance de la consommation électrique liée aux centres de données, aux cryptomonnaies et à l’intelligence artificielle pour les deux prochaines années se situera entre la consommation électrique totale de la Suède et de l’Allemagne, soit une augmentation entre 160 térawattheures (TWh) et 590 TWh.
À titre d’exemple, le Québec a produit en 2021 212,9 TWh d’électricité, environ le tiers de toute la production d’électricité au Canada.
Cet article est le résultat d’une collaboration entre LATICCE-UQAM, CEIMIA et Mitacs.
Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cette veille demeurent sous l’entière responsabilité du rédacteur.
- Direction scientifique : Michèle Rioux, directrice du LATICCE
- Rédaction : Guy-Philippe Wells, directeur scientifique du LATICCE
- Coordination : Janick Houde et Arnaud Quenneville-Langis du CEIMIA
- Révision : Mathieu Marcotte du CEIMIA
- Centre d’expertise international de Montréal en intelligence artificielle (CEIMIA)
- 7260 Rue Saint-Urbain, Montréal, QC H2R 2Y6, suite, 602, CANADA. Site web: www.ceimia.org
- Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM)
- UQAM, 400, rue Sainte-Catherine Est, Pavillon Hubert-Aquin, bureau A-1560, Montréal (Québec) H2L 2C5
- CANADA. Téléphone : 514 987-3000, poste 3910 / Courriel: ceim@uqam.ca / Site web: www.ceim.uqam.ca